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Réforme du financement de l’apprentissage 2025 | YMAG

Rédigé par Virginie | 2 mai 2025 13:52:29

Le 30 avril 2025, le Ministère du Travail a présenté une réforme majeure du financement de l’apprentissage, qui prendra effet dès le 1er juillet 2025.

Face à un dispositif en plein essor (880 000 contrats en 2024), cette réforme vise à soutenir le développement de l’apprentissage tout en garantissant la soutenabilité financière du système et en simplifiant son pilotage.

Nous vous proposons un décryptage complet des enjeux, des mesures clés et du calendrier de cette réforme.

Un contexte de succès… à maîtriser

Depuis la loi du 5 septembre 2018, le financement de l’apprentissage a basculé d’un modèle régionalisé à une logique de prise en charge par contrat via les OPCO. Cette réforme a libéré l’offre de formation en apprentissage et entraîné un essor exponentiel : près de 880 000 contrats signés en 2024

Cependant, cette croissance n’a pas été accompagnée d’une hausse de la Contribution Unique de la Formation Professionnelle (CUFPA), et les niveaux de prise en charge se sont révélés supérieurs au coût réel des formations. Les montants alloués dépassent désormais les sommes collectées, mettant en péril l’équilibre budgétaire du dispositif et complexifiant sa gestion pour les CFA et les entreprises.

Sur le plan de l’insertion, l’apprentissage demeure un levier essentiel :

  • 66 % des apprentis de niveau CAP–BTS sont en emploi salarié six mois après leur sortie (2023).
  • 70 % des diplômés Bac+3 en apprentissage signent un CDI (contre 47 % pour les non-alternants).

Ces chiffres témoignent de l’impact social et professionnel de l’apprentissage, tout en soulignant la nécessité d’un financement mieux calibré.

Les grandes orientations de la réforme

La réforme de l’apprentissage s’appuie sur deux principes complémentaires :

Prioriser les financements en fonction des besoins du marché du travail

Les branches professionnelles gagnent une capacité de modulation de 20 % sur leur budget, pour orienter les apprentis vers les métiers qui recrutent et vers les premiers niveaux de qualification (CAP, Bac pro). L’État pourra également bonifier certains cursus jugés stratégiques pour l’économie.


Garantir la soutenabilité financière en rapprochant la prise en charge du coût réel des formations.

En responsabilisant les employeurs (participation obligatoire) et en régulant les versements, on vise à limiter les excès de prise en charge et à rendre le système plus transparent et prévisible.


💡Pourquoi ces choix ?

Ils permettent d’adapter le financement aux besoins concrets des entreprises et des territoires, tout en préservant la dynamique de croissance de l’apprentissage.

 

Ce qui change au 1er juillet 2025

Les mesures phares qui s’appliqueront dès cet été se concentrent sur quatre axes :

  • Participation obligatoire des employeurs

    Pour les niveaux Bac +3 et plus, chaque contrat devra être assorti d’une contribution employeur de 750 €, recouvrée par le CFA. Cette participation partage le financement et responsabilise l’entreprise sur le parcours de l’apprenti.

  • Minoration des formations distancielles

    Lorsque plus de 80 % du cursus se déroule en ligne, la prise en charge sera réduite de 20 %. L’objectif : reconnaître la moindre charge pédagogique des formations à distance sans pénaliser le présentiel.

  • Proratisation journalière des financements

    Jusqu’ici mensuelle, la proratisation passera au quotidien : chaque journée ouverte de formation sera due, pour un alignement précis entre durée du contrat et financement versé.

  • Solde final de 10 % retenu

    Lors du dernier versement, 10 % des sommes seront conservés par l’OPCO pour éviter les trop-perçus et sécuriser le budget de la formation.

Préparer la rentrée 2026

La seconde phase de la réforme, prévue à la rentrée 2026, visera à achever la priorisation et la simplification du dispositif :

  • La modulation de 20 % par branche sera pleinement déployée, permettant d’ajuster les budgets aux réalités économiques régionales et sectorielles.
  • Les bouquets de certifications feront converger les tarifs pour les formations préparant au même métier.
  • Un plafond unique de 12 000 € sera instauré pour les niveaux 5, 6 et 7, afin d’uniformiser les prises en charge au-dessus du Bac pro.
  • Le nombre de combinaisons tarifaires passera de 800 000 à environ 3 500, offrant une lisibilité sans précédent pour les CFA et les entreprises.
  • Les OPCO se verront conférer de nouveaux pouvoirs de contrôle pour renforcer la lutte contre la fraude et garantir la qualité pédagogique

 

La réforme de l’apprentissage instaure un équilibre entre dynamisme et rigueur budgétaire, en remettant l’apprenti et ses enjeux professionnels au cœur du dispositif. En priorisant les financements là où les besoins sont les plus criants et en responsabilisant employeurs, CFA et OPCO, ce nouveau cadre pose les bases d’un apprentissage plus durable, plus lisible et toujours plus performant.